mercredi 8 mars 2017

Elle femelle – Toi mâle



Vois-tu poindre derrière le bosquet
La femelle dont les cheveux ne sont pas coiffés
Tu te moqueras d’elle et de son manque de féminité…

Vois-tu poindre derrière son volant
La femelle et le rouge à ses lèvres qui font briller ses dents
Tu te rependras en insultes avec acharnement…

Vois-tu poindre à la sortie de la mosquée
La femelle dont la tête est d’un voile entourée
Tu t’obligeras à la pitié…

Vois-tu poindre en politique
La femelle avec ses idées analytiques
Tu la jugeras trop satanique…

Mais, verras-tu poindre au miroir
Le mâle qui meurt de ses contradictions
Le mâle qui pleure de ses devoirs
Le mâle et son automutilation

Car souviens-toi fils, Souviens-toi :
Qu’elle femelle tu ne seras jamais Homme,
Qu’elle femelle tu ne seras jamais que mâle !

H. Seposa


Vermeer "La jeune fille à la perle"






vendredi 3 mars 2017

Au printemps des fleurs fanées



Au printemps des fleurs fanées
Quand de ta propre âme exilée
Tu ris de ta folie
Alors tu vis 

Le rire don du ciel
Monts et merveilles
Joie de l’humanité
Pas encore éplorée

Au sommet de la sagesse
Quand le vin devient ivresse
Que tes mots sont rougis
Alors tu vis 

Un amour retrouvé-perdu,
Un parent aimé-déchu
Peu importe quoi ou qui
Quand d’une larme tu ris 

Alors tu vis !

Le rire de Gouarch

lundi 6 juin 2016

Un pétale


Un pétale

Vie de complaintes, élégiaques élans,
Amertumes teintes d’un ressac trop grand.

L’encre du silence, plaisir masochiste
Quand la vue danse, seule, sur la piste ;
Quand l’évidence se change en kyste
Et que la transe est nihiliste…

Prends ma main et dépose-la sur un pétale,
Tiens la bien et sortons du dédale !


H. Seposa


Crâne et chandelier de Cézanne




mardi 31 mai 2016

L’enfer me ment


L’enfer me ment

Se présente un enfer sans flamme,
Prison sans terre et sans enclot
A la barbe d’un ciel sans drame,
L’aliénation sans froid ni chaud.

Le diable sans rouge ni corne
D’un ricanement inaudible,
Alourdit d’une sueur morne
La volonté qu’il prend pour cible.

Soumission à la loi du plus fort
Quand un sourire devient faiblesse,
Que chaque matin à l’aurore
L’on se réveille avec une laisse !

Aller mendier maigre salaire,
Le dos bien droit la face claire,
Perdu dans l’illusion de plaire
Quant au miroir tout est misère !

Le bruit, masque d’indifférences
Résonne dans les grandes villes,
Donnant l’illusion de mouvance
D’un sol grouillant mais infertile.

Marche de soldats immobiles
Sans clairon pour annoncer la guerre,
Car chacun dort sur son île
Et ne se voit en va-t-en-guerre.

Alors la mort se désespère
D’accueillir sous sa jeune faux
Des âmes mortes avant l’hiver,
Des âmes déjà au tombeau !


 H. Seposa


Luigi Miradori (dit Genovesino), Cupidon endormi, vers 1652




dimanche 22 mai 2016

Les mots à leur naufrage

Les mots du silence

Quand toute chose prend son sens
Que le passé évaporé
Laisse la place à ta présence
Plus rien ne sert de s’abriter

Une présence inconditionnelle
Se paie du prix de l’expérience
De mille crises existentielles
Pour dissiper les ignorances

Impuissance à traduire le réel
Quand les mots même sont en fuite
Quand les rimes arrachent au ciel
Toute la beauté qui l’habite

Moi je me fonds dans tes yeux noirs
Et je me pends à ton sourire
Je prends ta main dans le miroir
Que tu me tends pour m’affranchir
Et
Je laisse les mots à leur naufrage…


H. Seposa


1778 Jean-Honore Fragonard - The Bolt




mardi 22 septembre 2015

L'écrin

L’écrin

Enfin me voilà libre,
Fidèle amant du présent,
Insouciant de demain !

Petits et grands poètes qui enivrent
Et la polyphonie fait jardin
Dans mon cœur d’Arlequin.

La main posée sur le livre,
Ton épaule contre mon sein :
Preux pantin du destin !

Simplement se réjouir,
Retrouver l’enfantin,
Petits plaisirs divins.

Ainsi la vie pour s’accomplir,
A tes lèvres prend un bain
Comme à l’oasis le bédouin.

De l’éternité de porphyre,
Jaillissent des mots sans teint
Que chacun prendra pour siens,

Car c’est assez de se ternir
Sur le pauvre sort humain
Et sa sempiternelle fin !

Je suis la rivière sans givre qui berce les bohémiens et n’en délaisse aucun.
Je suis le pas lent du tigre qui ne doute pas du festin qui l’attend au loin.
Je suis le matin sans fin qui sans un soupir est venu cueillir dans le creux de tes mains, sa solitude et son écrin.

H. Seposa



Edouard Manet - La lecture








jeudi 10 septembre 2015

Le temps des oiseaux


Le temps des oiseaux

Les escaliers de l’Opéra brillaient,
La lumière s’offrait en révérence,
Les nuages doucement se rassemblaient,
Deux oiseaux s’avançaient pour une danse.

Intensité du temps qui se retire
Pour deux oiseaux et leur étourdissement,
Pressant d’oublier pouvoir et empire,
Sous un vent légèrement larmoyant.

Posaient à la terrasse du grand café,
Les ailes repliées mais insoumises,
Les deux oiseaux au temps s’abandonnaient
Et Paris se changea en Venise.

Sur la toile du peintre surréaliste,
Une lune lisse et pleine rougeoyait
Et les oiseaux s’affairaient à la liste
Des fleurs à planter aux arquebusiers.

Ainsi le temps quand il est enchanté,
Ainsi la danse Ornitho sans logique,
Avant le grand retour du temps âgé
Et de sa fuite toujours tragique !

H. Seposa


 
Margret Hofheinz-Döring