La
mort du poète
Sursauts
et jaillissements de conscience lucide tarissent l’inspiration.
La muse
ne répond pas aux pourquoi, elle veut danser sans y penser.
Trop de
lumière aveugle.
Au
royaume des poètes les borgnes sont-ils rois ?
S’il
vient au poète que le temps a passé, que la course des questions-réponses fut
nourrie d’irréalisé, que reste-t-il des mots ?
Que
reste-t-il du poète qui ne soit amertume ?
Au
petit matin brisé d’actualité, sans compagnon pour affronter la nuit tombée, las de toutes ces muses qu’on assassine, c’est
le poète qui se débine.
Trou
béant de lucidité et spirale d’inconnu, le temps à la pesée est trop lourd à
porter.
Si ce n’est
que passager, l’histoire se poursuit avec un chameau qui se décharge, le
passage d’un Lion de volonté et le sourire d’un enfant qui se conjugue au
présent.
L’enfant,
loin des turpitudes métaphysiques, loin de l’effritement de l’être s’abîmant en
un « je » qui ne se connaîtra jamais lui-même, jouera sans y penser
de fin et d’éternité.
Mais,
si le sursaut se fit trop haut, que la chute venait à casser la plume, c’est l’arrêt
de mort du poète, son mariage avec l’absurde.
Il
jouait jusqu'ici la tragédie, sublimation de souffrance, puits de sens par-delà
bien et mal,
Voici
que meurt le héros qu’aucune question ne ressuscite.
L’absurde
rompt le poète comme le vent du Nord le chêne.
Et
lorsque sa mort survient, le calme revient, néant vide ou plein, plus rien n’a
d’importance lorsque surgit l’indifférence.
H.
Seposa